Quelles solutions pour la crise des villages en Afrique

La douceur poétique des zones rurales souvent souligné dans les romans de l’Afrique post-coloniale connait et connaitra dans les prochaines années une profonde transformation. En effet dans les prochaines années la population Africaine va augmenter d’un milliard supplémentaire de personnes. Cette arrivée massive d’individus en ville a une forte conséquence sur de nombreux aspects et notamment sur les politiques alimentaires. Malgré les nombreux programmes qui éxistent actuellement au Cameroun pour faire face aux défis de l’agriculture des défis majeurs demeurent.

Plus de 40% des Africains vivent déjà en ville

En effet depuis que je sillonne l’Afrique de manière régulière j’observe que:

#1 Les citadins n’ont pas beaucoup de temps et leurs habitudes de consommation changent.

A Douala (ville de plus de 3 millions d’habitants) par exemple, le groupe carrefour numéro deux modial de la grande distribution a récemment ouvert un super marché venant ainsi répondre aux besoins des citadins et de la classe moyenne Africaine. Il faut noter que Douala capitale économique du Cameroun dispose déjà de plusieurs supermarchés en zone urbaine. Selon un article de jeune Afrique, Carrefour prévoit d’ouvrir un hyper marché à Yaoundé en 2019 et un second à douala en 2020.

Aujourd’hui ce n’est donc pas surprenant de croiser à Douala des gens qui font la majorité de leurs courses au supermarché et d’autres qui vont au marché central, Mboppi, marché Congo etc En ville tout le monde trouve son compte. Ce phénomène on l’observe aussi à Yaoundé. Il faut aussi noter comme le précise ce même article que la grande distribution est en éveil en ce moment à douala et qu’à entendre les leaders de ce secteur au Cameroun, la classe moyenne est une réalité

« Nous visons la classe moyenne, c’est-à-dire les Camerounais gagnant entre 6 500 et 10 000 F CFA par jour », précise Abdoul Razak Mohamadou, le directeur du projet grande distribution de la Société alimentaire du Cameroun (Soacam), leader dans la distribution de produits alimentaires. À terme, 50 implantations sont prévues dans le pays, et des extensions en Afrique centrale sont envisagées. »

#2 Les villages enclavés, à l’abandon qui ont besoin de financement.

L’exode rurale laisse derrière elle des villages déserts. on y trouve souvent:

  • Le chef du village
  • Ses notables
  • Les grandes familles
  • Les ouvriers agricoles
  • Les femmes et enfants en bas âge

Aujourd’hui les jeunes ont déserté les villages privant ceci de main d’oeuvre pour soutenir les exploitations agricoles. 80% de la production agricole en Afrique provient de petites fermes de moins de 2ha, lorsque ces dernières ne sont pas entretenues (manque de politique agricole efficace, absence d’une main d’oeuvre qualifiée, etc) on court vers une crise alimentaire. Or c’est vrai que la sécheresse nous joue des tours, mais les terres arables et fertiles existent encore.

Au Cameroun Plus de 70% des terres arables sont encore disponible

PROBLÈMES

L’exode rurale et l’arrivée massive des jeunes et moins jeunes dans les villes Africaines pose déjà de nombreux problèmes à tous les niveaux. Ceci questionne la sécurité alimentaire et les politiques des villes en la matière d’une part, mais aussi les zones rurales souffrent de nombreux maux:

Une population vieillissante

Nous employons aujourd’hui des jeunes de moins de 30 ans pour la plupart. Ces jeunes proviennent souvent des régions du Nord et du Sud-ouest du Cameroun. Pour une raison que je ne peux expliquer, il s’avère que ces jeunes sont beaucoup plus volontaires et motivés que ceux du sud ou des grandes villes. Attention, je ne veux pas dire ici que les jeunes des régions agricoles du centre et du sud sont pas doués, seulement après deux ans nous observons que la majorité des exploitants autour de nous emploient le même profil de personnes.

Le vrai point en fait n’est pas tant que les jeunes autochtones préfèrent aller en ville et laisse tomber l’agriculture. La réalité est que dans les village aujourd’hui on retrouve des ainés de plus de 55 ans qui n’ont plus la même force de travail que les jeunes. Si on regarde les choses d’un point de vue un peu plus macro on court un grand danger car l’agriculture est un métier physique.

Les élites des villages ici sont constutués des personnes adultes issues des régions mentionés. Une élite d’un village du centre par exemple dans notre entendement tire ses origines de la région et entretien un lien affectif et étroit avec le village.

De nombreux fonctionnaires et entrepreneurs camerounais vont régulièrement au village pour voir la famille ou pour d’autres activités familiales. Pendant longtemps ce groupe investissait en agriculture. Mais la crise économique et l’inflation ne facilite plus ces investissements. de ce fait de nombreuses régions sont encore des forêts qui demande des investissements.

Le manque de voie de communication

Beaucoup de régions agricoles du Cameroun sont encore enclavés. De nombreux chantiers sont en cours Mais à ce stade, il est très difficile d’accéder aux plantations situés dans les régions réculées. Lire notre article sur les mauvais routes mais une bonne connection internet

L’alcolisme et le banditisme

Pour la petite histoire 50% de notre production de plantain avait été volée par notre propre ouvrier agricole 🙂 je dois dire qu’au début on ne s’y attendait pas et on avait pas de moyen de contrôle. Le banditisme et le vol ne sont pas inhérent aux zones rurales. En fait c’est même beaucoup plus courant en ville. Mais c’est un leurre de penser qu’au village on ne vole pas. Il y’a non seulement du banditisme mais aussi de la violence.

Dans notre parcours nous avons été obligé de nous séparer de quelques jeunes collègues pour délinquance et violence. de plus les populations rurales comme les populations urbaines sont enclins à l’alcool.

Il nous est arrivé à deux reprises de l’apprendre à nos dépens:

  • La construction du puits d’eau de Yoko

Nous avons demandé à une équipe locale de creuser un puit afin de faciliter les cultures maraichères. Cependant nous n’avons pas réussi car ces derniers consomment beaucoup d’alcool le fameux whisky en sachet qui les saoule dès le matin. Pas moyen de respecter quelconque délais et encore moins de livrer le puit à teps. C’est de loin le projet le plus long et un échec cuisant car après avoir creusé sur plus de 20 mètres, ils n’ont jamais réussi à livrer le fameux puits.

  • La construction de la porcherie sur notre Lab

C’est notre projet le plus récent. Nous avons décidé de nous lancer dans l’engraissement des porcs à petite échelle (moins de 20 porcs pour la première année). En effet afin de se faire des revenus intermédiaires et de se lancer aussi dans l’élevage à grande échelle, nous avons initié un projet de porcherie. L’élévage porcins au Cameroun et dans la région est assez maitrisé. Or comme d’habitude nous commençons nos projets à petite échelle. Nous avons donc pris l’initiative de nous appuyer sur les populations locales pour nous fournir en bois de constructions (comme le montre l’image ci-dessous).

Malheureusement le manque de sérieux et surtout la consommation abusive d’alcool a empêché notre fournisseur de nous fournir du bois à temps. Nous avons été obligé de faire une dépense supplémentaire et d’acheter le bois à 2 heures de notre site.

Imaginez le manque à gagner? Heureusement pour nous on a enfin la première phase de notre porcherie en l’état et les travaux d’agrandissement sont prévus pour le mois de Mars 2018.

LES SOLUTIONS

Il est difficile de donner une liste de solutions uniques qui s’appliquent à toutes les situations. Le cameroun est un grand pays de plus de 20 millions d’habitants et les situations vont souvent varier d’un projet à un autre. Toutefois nous pensons que ces solutions pourrait aider à faire face aux défis que posent les problèmes ruraux:

#1 – Travailler avec des experts du ministère de l’agriculture et de l’IRAD

Il existe de nombreuses organisations étatique, publiques, privés et même des organisations internationales qui encadrent et conseille au Cameroun. de plus le Minader dispose de nombreux programmes d’accompagnement pour le secteur primaire au Cameroun. De plus l’IRAD (Institut de la recherche agricole pour le développement) est un partenaire de choix qui propose une pexpertise locale. De plus de nombreuses écoles agricoles existent et dispose d’une main d’oeuvre jeune et qualifiée.

#2 – La diaspora pour soutenir les élites locales

La diaspora transfère plus de 300 milliards de dollars chaque année en Afrique. Ce modèle peut s’avèrer gagnant car de nombreux ainés rencontrés dans les zones rurales nous ont confié qu’ils bénéficient du soutien financier des membres de la famille qui vivent à l’étranger afin de maintenir et développer les activités agricoles.

#3 – Mise en place des voies de communication et des routes

Sans routes et voies de communication, nous arriverons difficilement à la sécurité alimentaire des villes. Les routes rurales au Cameroun et ailleurs en afrique ont besoin d’investissement.

#4 – Mettre en place des contrats et des ententes

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’état protège les citoyens qui ont des preuves à présenter en cas de litige. Nous recommandons de toujours faire signer des ententes salariales aux employés. Nous avons à plusieurs reprises eu recours à la gendarmerie et aux forces de l’ordre dans quelques litiges. A ce niveau le plus important est d’avoir des preuves ou des contrats signés entre le promoteur et ses employés. Quoi qu’il en soit il faut renforcer la sécurié dans les zones rurales.

#5 – L’amélioration de la collecte de données météo

Les technologies évoluent et facilitent de nombreux aspects de l’agriculture. Nous avons besoin de relevé météorologiques et d’une meilleure connaissance des sols. La mise à la disposition des entrepreneurs de ces données va contribuer à apporter un peu plus d’intelligence aux différents projets agricoles et notamment de renseigner un peu plus sur la pluviométrie des zones rurales.