Protéger les travailleurs des mines : découvrez l’application MinSecurity

Le Kivu (RDC),

région de la planète immensément riche en ressources minières (cuivre, cobalt, zinc, manganèse, coltan, or, etc …). Hélas, réputée pour ses incessants conflits entre forces armées loyalistes et groupes de rebelles armés et milices diverses. Le contrôle des ressources naturelles de la région est l’enjeu majeur des attaques, assassinats, enlèvements, rackets en tous genres, massacres et combats qui se déroulent sur cette vaste zone depuis plus de deux décennies.

Ces exactions ont fait des millions de morts tant parmi les militaires et groupes armés que dans la population civile.

L’objet de toutes les convoitises est principalement le minerai de coltan, car il sert à la fabrication de l’électronique miniaturisée des téléphones et ordinateurs portables ; d’autres minerais font l’objet des convoitises et sont exploités à l’échelle des centaines de kilogrammes par an, tel que l’or.

Ainsi, la guerre du Kivu, que l’on présente comme un conflit ethnique ou tribal, est essentiellement une guerre du contrôle des ressources minières naturelles du Congo par de grands groupes internationaux, souvent étrangers et antagonistes. De nombreux rapports relatent ces faits. Certains militaires loyalistes ont déserté et se sont mis au service de ces grands groupes pour participer au pillage des ressources. Ils sont devenus de redoutables seigneurs de la guerre sans pitié.

L’exploitation minière, dans la région du Kivu

L’exploitation minière, dans la région du Kivu, est devenue un enjeu politique et économique majeur qui a un impact certain sur le marché mondial. Depuis la fin du XXe siècle, l’exploitation du tantale, s’agissant actuellement d’une pièce motrice dans l’industrie électronique, est valorisée et militarisée.

De nombreux sites ont ouverts faisant apparaître de nouveaux conflits, des flots de milliers de migrants- « creuseurs », des milliers d’assassinats d’innocents, des « travaux forcés » miniers pour les enfants, des viols pour fragiliser le tissu social environnant …

Le circuit du transport de ces minerais « de sang », vers des villes de l’Est du Kivu ou vers des pays limitrophes, est complexe. Il oblige des milliers d’hommes à parcourir à pied des dizaines de kilomètres, à emprunter de gros camions (qui défoncent les routes) pour atteindre de petits avions qui finissent l’acheminement des minerais vers leur destination où ils attendent d’être écoulés sur les marchés internationaux.

Face à ce processus d’évasion des richesses, l’État Congolais est impuissant à imposer une réglementation ou un contrôle armé organisé. De nouvelles fortunes (de nationaux et d’étrangers) voient le jour sans que les consommateurs, en bout de chaîne, n’aient la moindre idée du cauchemar que subit le peuple congolais.

Lors de la COP26, à Glasgow, en Ecosse, la Patronne de l’Environnement Congolais avait signalé que la République Démocratique du Congo (RDC) détient non seulement une grande partie des forêts humides au monde mais également des minerais stratégiques qui sont essentiels à la transition écologique si nécessaire. En conséquence, la Patronne de l’Environnement Congolais a demandé à l’ensemble des dirigeants mondiaux de prendre leurs responsabilités et de mettre en œuvre, en urgence, des moyens d’investissements prioritaires en faveur des pays comme la RDC. Ce dernier, présenté comme « pays solution » face aux enjeux climatiques, a d’ailleurs obtenu l’organisation de la réunion préparatoire de la COP 27.

Dans ce contexte mondial, face à ces enjeux cruciaux, il faut se pencher très précisément sur les conditions de travail difficiles, voire inhumaines, des mineurs artisanaux, en RDC, particulièrement dans la région du Kivu. Ces mineurs descendent au fond, sans mesures de protection, pour extraire, entre autres, le fameux cobalt, indispensable matériau stratégique, dont la RDC possède plus de la moitié de la réserve mondiale ou le précieux minerai de tantale exploité en grande partie à quelques kilomètres de la ville de Goma.

Les effondrements de terre sont fréquents et tuent de nombreux mineurs issus de milieux pauvres, de familles défavorisées. Ces personnes, n’ayant aucun accès à l’éducation, se retrouvent contraintes de pratiquer clandestinement l’activité de mineur dans des conditions déplorables afin de subvenir à la survie de leurs familles.

Très touché par ces drames à répétition, Victoire Shukuru, jeune Congolais entrepreneur du secteur du numérique et basé à Goma (Kivu-RDC), a développé dans sa start-up (VICTOIRE COMPANY) un dispositif innovant et connecté en cas d’une éruption volcanique permettant aux familles de retrouver facilement leurs enfants grâce à une application et un bracelet ayant un code barre Min Security,

Ce dispositif est une technologie connectée composée d’une ceinture de sécurité équipée d’un système de localisation GPS et d’une application qui permet de suivre sur un tél. portable le travail et les mouvements des mineurs dans le site d’exploitation.


Le concepteur explique : « A tout moment, quand le mineur se sent menacé ou qu’il s’apprête à descendre dans le puits, il met sa ceinture de sécurité connectée. Celle-ci va nous permettre de surveiller l’ensemble de ses mouvements. Cette ceinture permet aussi d’évaluer le niveau de l’air ainsi que sa qualité. Si l’on note une anomalie, on peut ainsi envoyer très vite d’oxygène aux mineurs ». Victoire Shukuru ajoute : « Nous espérons ainsi limiter les lourds dégâts humains dont souffre notre région si meurtrie ».

Actuellement, Min Security n’est pas encore officiellement utilisé sur le terrain. Le dispositif est en cours de prototypage et de mises à jour. « Accompagnés de journalistes locaux, nous avons fait un essai sur le site minier de Rubaya. Nous voulions savoir si le dispositif répondait bien aux attentes des mineurs. Ces derniers nous ont fait de nouvelles suggestions pratiques à insérer à l’application », note Victoire Shukuru. « Hélas, des obstacles se dressent devant nous : blocage au niveau financier et difficultés d’accessibilité d’Internet dans ces régions miniers. Mais nous continuons de travailler sur le prototype pour obtenir un produit fini, prêt et efficace afin de pouvoir passer au plus vite à la multiplication de celui-ci et à sa commercialisation », conclue Victoire Shukuru.


Confiant, l’entrepreneur est fier et convaincu de pouvoir changer la vie de tous ces mineurs qui travaillent dans des conditions hautement déplorables.

 

GRACE  MUHAMIRIZA