La co-construction en entrepreneuriat : une avenue pour l’enseignement en Afrique

Dans le cadre de la série d’entretiens accordés aux experts de l’éducation, j’ai eu l’occasion d’échanger avec Constantin Tombet-Moupégnou. Ce professionnel de l’entrepreneuriat a plusieurs casquettes: Entrepreneur et Consultant en Entrepreneuriat Social, Constantin poursuit simultanément des études doctorales Administration des Affaires et en Pédagogie de l’Enseignement supérieur.

À Montréal, Constantin a exercé, pendant 6 ans en tant qu’agent de développement en Entrepreneuriat Jeunesse, dans un organisme communautaire (Carrefour jeunesse-emploi Bourassa-Sauvé). Sa mission consistait en l’accompagnement de jeunes désireux ou venant de démarrer leurs entreprises. Il a accompagné plus de 600 projets dont cent six ont abouti à une création d’entreprises. Notons 70% de ces entreprises sont encore en activité, grâce à son approche humaine de l’entrepreneuriat basée, entre autre sur la co-construction. Constantin est  Il est aussi l’initiateur de la première École entrepreneuriale d’été de Montréal, du Premier rendez-vous entrepreneurial de Montréal-Nord, du Club de réseautage des entrepreneurs du CJE, de capsules vidéos  “Rendez-vous des jeunes entrepreneurs du CJE”, du Café de l’entrepreneuriat, et de l’atelier de démarrage d’entreprises “Femmes immigrantes”, pour ne citer que ceux-là.

Son approche approche humaine de l’entrepreneuriat, basée sur la co-construction, peut-elle donner une nouvelle perspective à la relation entre l’éducateur et l’apprenant dans les systèmes éducatifs africains?

Constantin tombet

Qu’est ce que la co-construction?

Comme le définit Constantin, “c’est une approche d’accompagnement qui met en relation une personne d’expérience avec une autre peu expérimentée. Les deux travaillent ensemble dans un but de croissance mutuelle”.

Dans le co-construction, celui qui a le plus d’expérience va apporter une aide à celui qui en a moins. Mais contrairement au mentorat, celui qui a moins d’expérience permet aussi à celui qui en a plus d’affiner ses outils de transmission de savoir, afin que ce dernier puisse lui apporter une aide utile.  Il ne s’agit pas d’un simple échange de service ou d’expérience; cela va bien au dela. On parle ici de la mise en place d’une relation durable, d’une approche qui humanise l’entrepreneuriat, qui met l’accent sur le potentiel de l’individu et sur son projet, en développant des outils en lien avec ses réalités.

Quel lien peut-on faire entre la co-construction et l’enseignement?

La co-construction est trés utile quand on travaille avec les jeunes. L’avantage c’est qu’elle permet d’établir un sentiment de respect et de confiance qui est très fort. En tant qu’aidant, formateur ou éducateur, on apprend à écouter le jeune et à le connaitre, si bien qu’on arrive mieux à cerner ses besoins et à l’encadrer. En général, quand le jeune se sent écouté et compris, il ne se trouve plus menacé, mais il prend conscience que sa voix compte. Cela renforce beaucoup son estime personnel et son respect envers l’ éducateur.

À l’école ou à l’université, cette approche rend l’enseignant et la matière accessible. L’enseignant n’est plus vu comme un être intouchable, autoritaire voire detestable, comme ça peut-être le cas en Afrique, du fait de l’importance de la hiérarchie.

design-thinking

Quelle est la limite de la mise en place de cette méthodologie en Afrique?

En Afrique la notion de respect et de hiérarchie est trés importante. Traditionnellement, quand on est jeune on doit obéir aux ainés, suivre leurs conseils et on a pas toujours droit au chapitre. Au niveau de l’éducation, comme dans toutes les sphères de société, cette approche verticale peut conduire, malheureusement, à des abus de pouvoir.

Il est donc important que dans l’utilisation de cette approche, le respect et la confiance soit la base, afin d’éviter toute mauvaise interpretation. D’aprés Constantin, au dela du respect, l’éducateur doit comprendre que chaque apprenant est différent et que cela peut lui permettre d’améliorer ses outils afin de mieux le servir. Par exemple, au niveau de l’entrepreneuriat, la co-construction permet de comprendre que les freins à l’entrepreneuriat peuvent être différentes que celles que l’on connait habituellement et peuvent être plus profondes d’un individu à un autre.

il est donc nécessaire d’ajuster les formations qui sont offertes dans les écoles et les institutions afin qu’elles soient plus flexibles et  qu’elles s’appliquent en fonction d’une meilleure connaissance de la personne.

Pour en savoir plus sur la co-construction et sur les activités de Constantin:

-Articles sur la co-construction:

http://www.theguardian.com/teacher-network/2012/oct/08/coconstructing-classes-pupils-teaching-tips

http://eclec-tic.blogspot.ca/2006/05/enseigner-en-favorisant-la-co.html

-Activités de Constantin:

http://constantintombet.com

https://fr-fr.facebook.com/constantintombet