Que deviennent les projets des Hackathons?

Thème : Que se passe-t-il après les Hackathons ?

La Semaine de la Technologie et de l’Innovation Sociale a débuté ce lundi à la bien connue Maison Notman sous le thème : Que se passe-t-il après les hackathons ?

Cette activité, organisée en collaboration avec Montréal NewTech, a eu pour objectif de trouver des réponses à une problématique importante qui concerne les organisateurs de Hackathons: comment assurer la pérennité des applications développées lors des Hackathons ?

Conférenciers

Après une courte introduction de la mission de la Semaine de la Technologie et de l’Innovation Sociale par son co-fondateur Franck Nlemba, c’est Clayton Grassick, fondateur de MWater qui a lancé la Semaine en nous présentant l’évolution d’une idée conçue dans un hackathon à une véritable startup.

MWater

Mwater est une startup à but non lucratif qui utilise la technologie et les données pour combler les lacunes dans les infrastructures. MWater serait ainsi née après une volonté de développer l’accès et l’assainissement de l’eau dans certaines régions rurales dans le but de prévenir les maladies d’origine hydrique et d’en limiter les répercussions sur les collectivités.

Créée lors d’un hackathon, l’idée de MWater a continué à être développée plusieurs mois après celui-ci et l’application n’aurait pas vu le jour si l’équipe n’avait pas reçu un solide soutien financier à travers les dons et les subventions qu’elle a pu acquérir. L’expertise en technologie n’est qu’une partie de l’iceberg lorsque l’on veut passer d’une idée à une startup. Dans le cas de MWater, avoir le soutien d’experts en santé publique a été l’élément indispensable pour démarcher des clients et des subventions du gouvernement. De même qu’avoir accès à l’aide d’experts en définition de modèles d’affaires et en création d’entreprise permet de faciliter grandement la mise en place d’une startup suite à un hackathon.

Clayton

Clayton Grassick a également insisté sur le fait que les codes développés lors de hackathons sont différents des codes de production, de même que l’équipe constituée lors du hackathon est différente de celle qui produira l’application. Celle-ci a ainsi dû être recodée plusieurs fois suite aux résultats de tests et de sondages et afin de répondre le mieux possible aux besoins des futurs utilisateurs.

Ainsi, l’adaptation rapide, la flexibilité, le contrôle et le suivi ont été des éléments-clés pour la réussite de cette startup partie d’un hackathon qui compte désormais un budget d’un demi-million de dollars, sept bureaux, des utilisateurs dans 52 pays et des clients tels que Water.org, WaterAid, USAID et The Water Trust.

Panel de conférenciers

Les quatre autres membres de notre panel de conférenciers, soit Luc  Sirois de Hacking Health, Stéphane Guidoin de Nord Ouvert, Ari Ramdial de WearHacks et Nura Elb de District 3 et le Start-Up Week-end ont ensuite pris la parole sous les questions de Héri Rakotomalala.

Tout d’abord invités à se prononcer sur les applications ou logiciels créés lors de hackathons qui les ont marqués, Luc Sirois a mentionné une application permettant la détection rapide de l’autisme, tandis que Stéphane Guidoin, spécialiste en « open data », a évoqué les logiciels ou applications permettant de réunir toutes les données quant à certains services publics (Wreck Ottawa qui a permis à la ville de gagner plus d’un million de dollars par exemple). Selon ce dernier, les hackathons sont un moyen de répondre aux besoins grandissants des gouvernements de concentrer et de rendre faciles d’utilisation les données liées aux différents services publics.

panel-speakers

Nura, quant à elle, a cité une application de concierge permettant de donner du feedback aux étudiants et professeurs et Ari Ramdial, lui, amentionné sa participation à 40 projets, lesquels lui ont permis de réaliser que les hackathons cherchent à encourager le développement et la définition des idées novatrices, qu’elles aient un but social ou un but lucratif.

De manière plus générale, notre panel a donné son avis sur plusieurs défis auxquels les hackathons font face.

Tout d’abord, la vision la plus importante pour la société selon notre panel, c’est l’évolution des systèmes : savoir les rendre plus simples d’utilisation et plus rapides (ouverture des données, création d’API etc.), ce qui est permis par les hackathons, de même que l’ouverture d’esprit et le partage des connaissances. Si les gouvernements participaient ou organisaient des hackathons, cela permettrait de régler une grande partie des problèmes de systèmes.

Aussi, selon les conférenciers, la rencontre est la principale source de créativité lors d’un hackathon; bâtir une bonne équipe, même sans idée extraordinaire, est déjà une réalisation majeure. Et ce, d’autant plus que les hackers, grâce aux hackathons, peuvent être mis en relation avec des mentors et des investisseurs, ce qui permet de bâtir une équipe solide en plus d’un prototype. Le défi et la clé du succès des applications de hackatons est ainsi de maintenir la connexion entre les équipes et les membres de chacune de ces équipes après le concours.

Il est à noter que la définition et le format du hackathon régulent la créativité des équipes. Lorsque le plan d’affaires et le sujet du concours sont définis de manière très spécifique, les participants n’auront pas l’esprit collaboratif car ils seront concentrés sur la compétition et sur le fait de ne pas partager leur modèle d’affaires, ce qui diminue considérablement leur capacité de créativité.

Ensuite, le public des hackathons peut être des développeurs, des designers, de futurs entrepreneurs, des entreprises, etc. Les participants viennent ainsi avec différents objectifs et sont généralement plus intéressés par l’apprentissage, l’expérimentation, l’exploration de différentes idées, le processus de création et d’innovation qui sont les principaux buts des hackatons. Pour ce public, la créativité doit toujours être mise de l’avant, pas la création d’une entreprise. De même, les idées développées lors de hackathons ne sont pas faites pour durer, le concept du hackathon doit être redéfini pour que les idées et les futures startups soient pérennes.

Les échanges avec le public notamment avec les organisateurs de EcoHack et Ajah ont contribué à enrichir le débat.

Alex-Ecohack

Néanmoins, si une entreprise doit être créée suite à un hackathon, créer une structure autour de l’idée de base est indispensable pour que l’équipe et son prototype puisse évoluer en tant que startups, de même que la création d’un réseau et la définition précise de son public-cible. D’autant plus que, selon nos conférenciers, Montréal est la ville où les hackathons permettent le mieux de développer une entreprise grâce à la facilité de s’y créer un réseau. Montréal étant une ville d’innovation, un grand nombre de personnes sont ouvertes à la création. Ainsi, si les grands joueurs de l’industrie montréalaise participaient ou soutenaient les hackathons au lieu d’isoler les développeurs, la ville deviendrait  un réel hub technologique.