Comment rapprocher la technologie et l’agriculture

Le 09 Juin 2016, nous avons organisé un atelier pour réfléchir ensemble à la combinaison de la technologie et de l’agriculture. A la suite de cet atelier, André Fortin a fait un résumé pour ceux qui n’ont pu assister à ce dernier.

BILAN DE L’ATELIER DE DESIGN THINKING

Comment rapprocher la technologie et l’agriculture

  • André Fortin, 13 juin 2016
  • Date : 9 juin 2016, de 9h à 16h30
  • Lieu : Chantier de l’économie sociale – 1431 rue Fullum
  • Animateur : André Fortin, conseiller en animation créative et innovation sociale

Objectifs

  • Identifier les principaux enjeux en lien avec l’agriculture et les technologies.
  • Élaborer des portraits des principaux acteurs : agriculteurs, agronomes, professionnels en technologies agricoles, concepteurs de technologies numériques.
  • Prototyper un modèle idéal d’agriculture durable qui a recours aux technologies.
  • Échanger sur des pistes prometteuses et des moyens de rapprocher les 2 secteurs (agriculture et technologie).

QUELS SONT LES ÉLÉMENTS-CLÉS EN 2016 ?

VOLET POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE

  • Les pays producteurs de denrées agricoles n’ont aucun pouvoir décisionnel.
  • Le focus de l’industrie alimentaire est le profit qui est régi par la bourse. C’est d’ailleurs la bourse qui fixe les prix (ex : cacao) et cela à de grandes répercussions sur les agriculteurs.
  • Les experts dans le domaine sont formés par l’industrie et fortement influencés par les lobbys en place.
  • Dans ce domaine, c’est la dimension politique qui prend le dessus sur toutes les autres considérations (ex : COP21).
  • La consommation locale est en émergence. Les personnes ont un souci pour cela.
  • Le thème de la biodiversité est de plus en plus présent dans les discours de masse.
  • Il manque de support du gouvernement par rapport à certaines politiques (ex : aucune politique est mise en place en lien avec la surconsommation ou le gaspillage).
  • Il manque une relève dans le milieu agricole ce qui cause un déséquilibre.
  • Il faut être gros pour survivre. Cela amène des fermes à se fusionner.
  • La nourriture biologique est plus accessible.
  • Il y a un éveil sur des initiatives locales/à la base/citoyennes. Des pratiques parallèles se développent pour proposer des alternatives.

VOLET SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL

  • Influence des changements climatiques. On ressent les effets (sècheresse, périodes de production décalées)
  • Il manque d’espace, de terres pour cultiver. Il y a de plus en plus privatisation des terres.
  • Il y a des campagnes d’éducation pour le recyclage et on commence à voir des mesures coercitives pour forcer les gens à participer.
  • Augmentation de la pollution, déclin de plusieurs ressources naturelles.
  • On voit l’abandon des métiers de l’agriculture. Cela n’est pas très à la mode.
  • Prise de conscience réelle sur l’importance de changer nos modes de vie. On reçoit des coups de marteau sur la tête.
  • Il y a un désarroi par rapport aux problématiques qui peut, par contre, être mobilisateur.
  • Plus de dénonciation sur des mauvaises pratiques, plus d’informations qui circulent.
  • Recrudescence du végétarisme, ou d’initiatives citoyennes promouvant cela.
  • On est à la recherche d’alternatives, notamment concernant les pesticides chimiques.
  • Il y a une déconnexion avec la terre, un manque de contact direct ou d’expériences agricoles.
  • Le mouvement du développement durable a plus de poids qu’avant.
  • Les habitudes de consommation ne bougent pas assez vite en lien avec l’urgence d’agir.
  • On sent une culpabilisation si on n’adopte pas de bonnes pratiques de consommation alimentaire.
  • On commence à avoir une vision systémique de l’agriculture, que plusieurs éléments sont liés avec cet enjeu. On étudie davantage l’écosystème de base.

VOLET CULTUREL ET TECHNOLOGIQUE

  • Montée fulgurante des processus d’automatisation et de robotisation (ferme laitière) et de certaines technologies comme les drones.
  • Développement et début de la reconnaissance de la permaculture, de technologies passives.
  • Manque d’optimisation de la technologie : il reste encore beaucoup à faire.
  • On voit le développement d’applications numériques locales, de recherche de solutions qui sont adaptées localement pour diminuer la pollution et rendre plus efficace les productions alimentaires.
  • On continue dans le modèle axé sur l’exportation.
  • Méconnaissance des bonnes pratiques agricoles qui sont peu partagées. Par contre certains savoir-faire artisanaux ou fait-maison sont accessibles en mode open-source, ce qui permet un décloisonnement des connaissances.
  • Création d’un sentiment d’appartenance à certains chefs cuisiniers qui prônent des saines habitudes alimentaires et qui sont très médiatisés.

QUELS SONT LES ÉLÉMENTS-CLÉS EN 2025 ? 

  • L’économie de partage va devenir la norme.
  • Plus de pauvreté dans le monde, donc une moins bonne nutrition pour la majorité
  • L’enjeu du manque d’eau.
  • Les métiers liés à l’agriculture vont être à la mode. Il va y avoir un déclic similaire à celui qui s’est fait avec la cigarette (en l’espace de quelques années la cigarette est devenu un problème de santé public et des campagnes pour réduire son usage ont proliférées).
  • Il va y avoir une tension entre le développement d’initiatives à la base (grassroot) et la notion de contrôle de certaines organisations ou lobbys par notamment la prolifération du génie génétique.
  • Le problème de l’obsolescence programmé va disparaitre.
  • Nous allons augmenter notre capacité à produire des technologies permettant des contributions significatives.
  • On s’attend à des changements dans nos habitudes alimentaires étant donné le volet environnemental et le nombre d’habitants sur Terre. Certaines campagnes d’éducation seront mis en place pour promouvoir cela.
  • Le système en place va subir de l’effondrement. Cela va permettre la création de nouveaux systèmes plus durables.
  • On s’attend à certaines mesures gouvernementales comme par exemple pour développer des taxes visant à réduire le gaspillage.
  • La contribution de l’agriculture sur la santé et sur nos modes de vie en société va être de plus en plus reconnue.

ACTIVITÉ DE PROTOTYPAGE

2 équipes ont élaborées un prototype d’un MODÈLE IDÉAL D’AGRICULTURE DURABLE INTÉGRANT DES TECHNOLOGIES. Pour chaque prototype, des principes-clés se dégagent. Nous allons en publier un seul ici:

Voici les bases de ce modèle

  • Notre système se veut le plus autosuffisant possible et est basé sur les principes de la permaculture.
  • La ZONE 1 est celle qui a besoin de plus d’interactions humaines (jardins potagers, fruits et légumes).
  • S’ajoute le compost, la transformation alimentaire et la production d’énergie.
  • On a aussi une zone, une auberge pour accueillir des touristes mais pas juste des touristes, des woofers aussi et pour offrir des formations. Cela nous donne des revenus variés.
  • On peut faire le tour à vélo avec un chemin sur place.
  • On a des ruches pour nos pollinisateurs qui couvrent le territoire.
  • Dans la ZONE 2, on produit des céréales pour les humains et les animaux.
  • La ZONE 3 est là où nos animaux vont se déplacer durant l’année dans les champs (pour travailler la terre, fertiliser, finir de manger les racines. On a aussi des serres où on cultive les fleurs pour attirer plus de pollinisateurs.
  • La ZONE 4 est surélevée pour avoir de l’eau en hauteur en utilisant l’eau par gravité sans énergie. Il peut y avoir aussi de l’aquaponie ici.
  • La ZONE 5 est plus éloignée. Dons plus on s’éloigne et moins on visite ces zones et plus elles sont autonomes. La ZONE 5 est la forêt nourricière qui est auto-fertile. On fait une planification sur 25 ans pour nous offrir des fruits, des noix, des herbacés, des vignes.
  • La ZONE 6 produit du bois pour la construction, pour nous chauffer mais surtout pour faire du paillis pour couvrir nos champs pour limiter l’évaporation mais aussi limiter les mauvaises herbes de pousser et pour augmenter la fertilité du sol.
  • La ZONE 7 est presque le tiers du territoire. C’est une zone intouchée qui va nous servir d’inspiration pour voir ce qui pousse de manière naturelle et comment on peut apprendre de cet écosystème.

Merci à tous les participants de l’atelier. Nous prévoyons d’organiser un atelier au cours du premier trimestre 2017 enrichie des informations que nous avons collectées au Cameroun.